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Les cahiers d’enregistrement de microfilms de F.-G. Pariset (1952-1974)

Dans ses locaux de l’Université Bordeaux Montaigne, le Centre François-Georges Pariset (UR 538) conserve les cahiers d’enregistrement des microfilms qui ont été produits à la demande de F.-G. Pariset, entre 1952 et 1974.

L’ensemble représente un volume de 22 cahiers de petit format (17×22 cm) dans lesquels ont été restituées, au fil des années, les références des œuvres reproduites sur support microfilm ou bien, le cas échéant, sous forme de diapositives. Les cahiers mentionnent aussi les auteurs et les titres des ouvrages à partir desquels étaient sélectionnés les clichés sources. Ces documents historiques constituent un témoignage de premier plan pour qui souhaite reconstruire le contenu des enseignements d’histoire de l’art moderne et contemporain dispensés à la faculté des Lettres de Bordeaux. Leur dépouillement devrait apporter des éclairages sur la nature des œuvres projetées devant les étudiants.

Fig. 1 : Cahier d’enregistrement de microfilms de F.-G. Pariset, année 1952.
Centre François-Georges Pariset (UR538), Université Bordeaux Montaigne.

Développer une collection de clichés : ambitions et enjeux

Débuté en 1952, le premier cahier de la série contient plusieurs textes dans lesquels Pariset rend ouvertement compte non seulement des difficultés auxquelles il est confronté mais aussi de ses ambitions. Les paragraphes introductifs (fig. 1) se révèlent être des témoignages de premier plan. Pariset y décrit la situation à laquelle il doit faire face lorsqu’il prend ses fonctions de chargé d’enseignement[1]. Son constat est sans appel : « Il n’y a pas d’Institut, ni de crédit »[2]. Et d’ajouter :

« Il n’y a pas non plus de matériel, ni livre, ni photo. L’Institut de géographie veut bien me prêter épidiascope et app. [sic] de projection. La Bibliothèque Universitaire est pauvre en ouvrages d’art et surtout depuis 1925. Celle de la ville est utile pour l’art français. L’institut d’Espagnol a des ressources. La Casa Dante aussi mais guère après 1500. Je peux sortir les livres de la Bibl. Universitaire et m’en servir pour les projections, avec prudence. Mon but est d’organiser peu à peu la salle qui jouxte celle des cours au sous-sol et d’y mettre des affiches, et les boites du matériel photographique, d’acheter des appareils à trousse Foca et un appareil de projection, qui pourront servir aux autres instituts, d’acheter des livres qui feront partie de la collection de la Faculté (tout en étant enregistrés par la Bibl. [sic] Universitaire), et d’avoir une collection de micro-films [sic][3]. »

Si Pariset pointe le caractère inégal des collections des bibliothèques bordelaises, du moins pour ce qui concerne les ouvrages consacrés à l’art des périodes moderne et contemporaine, il relève surtout le manque de dispositifs techniques. À son arrivée à Bordeaux en 1952, le nouvel enseignant assure ses cours avec ses moyens personnels :

« Pour cette première année, et surtout le 1er trimestre, j’ai été aidé par la Bibliothèque d’art et d’archéologie de Paris et par ma bibliothèque pour les photos et ma documentation : j’ai choisi des thèmes que je pouvais traiter par mes propres ressources, avec mes propres livres dont les vues peuvent être projetées par l’épidiascope, au risque trop sûr de les abîmer[4]. »

L’enjeu de la constitution d’une collection de microfilms se révèle donc double. Il s’agit de développer un fonds documentaire et pédagogique de supports visuels et, ce faisant, de déployer les conditions techniques nécessaires à leur élaboration ainsi que les supports permettant leur exploitation.

Les difficultés auxquelles doit faire face Pariset semblent rapidement trouver une issue positive en la personne de Aurélien Faure. Ce dernier est en effet recruté en décembre 1952 au titre de photographe de la faculté des Lettres de Bordeaux[5]. La collaboration entre les deux hommes est immédiate bien que leurs méthodes et leurs objectifs divergent. Alors que Pariset est très attaché au format du microfilm, Aurélien Faure lui propose une autre option :

« M. Faure a acheté 500 caches papier : perte de temps et d’argent [mention rayée par Pariset]. Il a monté de lui-même les vues des Le Nain, Callot, d’après Dimier ou Sterling. Le système a des avantages : les séries sont rangées dans des boites et je peux inscrire titres, origine et n° sur les caches. Mais cela prend du temps à M. Faure […] alors qu’il s’agit avant tout de constituer une collection[6]. »  

La création d’une collection de clichés dévolus aux enseignements d’histoire de l’art moderne et contemporain l’emporte sur le caractère pratique et les facilités d’usage permises selon les supports. À bien des égards, la déclaration de Pariset a une valeur programmatique. Dès son arrivée à la faculté des Lettres de Bordeaux, il a adressé au Ministère une demande de subvention de création de chaire[7]. Or le développement rapide d’une collection de clichés sur microfilms s’insère pleinement dans ce projet. La collection s’affirme en effet comme un moyen de légitimation à même d’appuyer l’autre idée que caresse Pariset : la création d’un institut d’histoire de l’art moderne et contemporain.


[1] Arrêté du 5 septembre 1952 conservé dans le dossier de carrière de François-Georges Pariset, Archives Départementales de la Gironde, cote 1832W4.

[2] Cahier d’enregistrement de microfilms de F.-G. Pariset, année 1952, p. 1. Centre François-Georges Pariset (UR 538), Université Bordeaux Montaigne. Les termes sont soulignés par lui.

[3] Id. La première phrase est soulignée par Pariset.

[4] Ibid., p. 2.

[5] La cartothèque du Service Commun de Documentation (SCD) de l’Université Bordeaux Montaigne conserve les négatifs de milliers de photographies prises par Aurélien Faure au cours des années 1950 et 1960. Voir parmi ses clichés numérisés : https://medihal.archives-ouvertes.fr/search/index/?q=Aur%C3%A9lien+Faure&submit=&submitType_s=file

[6] Cahier d’enregistrement de microfilms de F.-G. Pariset, année 1952, p. 12. Centre François-Georges Pariset (UR 538), Université Bordeaux Montaigne.

[7] Ibid., p. 1.